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COP26 : La finance durable face au changement climatique

Energy Observer - Parc à éoliennes

Le changement climatique est le plus grand défi auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. La dernière décennie est la plus chaude jamais enregistrée, et les phénomènes climatiques extrêmes sont plus fréquents, plus intenses et moins prévisibles.

Les incendies, tempêtes, sécheresses, inondations et la pollution atmosphérique s'intensifient dans le monde entier, portant atteinte à l’habitat, aux moyens de subsistance et à la santé de millions de personnes, creusant le fossé entre riches et pauvres.

Une économie globale qui ne prend pas en compte ces enjeux de développement durable peut avoir des effets dévastateurs pour les communautés et les individus, car même si nous faisons des efforts, les effets du changement climatique se font d'ores et déjà de plus en plus sentir.

Limiter le changement climatique

Il existe deux façons de faire face au changement climatique : le limiter, et s'adapter.

La première consiste à agir à la source, notamment en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES). C'est le premier objectif de la COP26, qui appelle les pays à fixer des objectifs de réduction de leurs émissions pour 2030 afin de parvenir au net zéro d'ici 2050.*

S’adapter à l’existant concerne les évènements sur lesquels il est déjà trop tard pour influer, c’est-à-dire les conséquences négatives du changement climatique que l’on peut déjà observer. Cette faculté d'adaptation fait également partie des objectifs de la COP26 et va de pair avec la nécessité de protéger et de restaurer les écosystèmes et de construire des défenses et des infrastructures résilientes.

Tout cela nécessite des investissements - massifs - et c'est précisément sur ce point que les pays en développement ont besoin de soutien.

* Le Net Zéro signifie aucune émission nette de CO2, cela veut dire que nous n'ajoutons pas de nouvelles quantités de CO2 dans l'atmosphère.

Le changement arrive... mais pas assez vite

La COP21 de 2015 à Paris a été un tournant décisif qui a permis de prendre conscience de l'urgence de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, afin de limiter le changement climatique et ses conséquences catastrophiques. À cette occasion, les pays se sont engagés à soumettre ce que l'on appelle des contributions déterminées au niveau national (CDN), à savoir des plans nationaux détaillant leurs engagements en matière de réduction des émissions et qui constituent une base pour réaliser leurs objectifs à long terme.

En résumé, les CDN sont des moyens pour chaque pays de décrire et de communiquer tous les cinq ans leurs actions post-2020 pour le climat, et déterminent dans quelle mesure le monde atteint les objectifs fixés lors de la COP21 notamment le pic des émissions de GES et les mesures de réduction.

Six années se sont écoulées depuis, et nous avons effectivement progressé pour limiter la hausse des températures à près de 2°C, ce qui est une bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle, c'est que nous ne le faisons pas assez vite et - comme le disent les scientifiques – car il faudrait en faire beaucoup plus pour limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5 °C, réduire de moitié nos émissions et atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

La Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) est arrivée à point nommé, réunissant toutes les nations dans le but de parvenir à un accord sur la manière de lutter contre le changement climatique et d'unir leurs forces pour éviter les scenarios les plus sombres.

La promesse non tenue de 100 milliards de dollars

La population mondiale augmente rapidement et continuera de grandir au cours des 30 prochaines années : nous étions 6,9 milliards en 2010, 7,8 en 2020, et ce chiffre devrait toucher les 9 milliards en 2040. Cette croissance entraînera des répercussions considérables sur les ressources naturelles et les besoins énergétiques, qui se traduiront - si nous continuons sur notre lancée - par une augmentation des émissions, une hausse des températures et des conséquences climatiques encore plus graves.

Alors que les dirigeants du monde entier et les militants du climat sont à Glasgow, l'attention se porte, entre autres sujets importants, sur le financement du climat, qui gagne du terrain à la fois comme objectif et comme moyen d'atteindre les autres objectifs. Pour atteindre les deux premiers objectifs de la COP26 (garantir des émissions neutres d'ici le milieu du siècle et s'adapter pour protéger les communautés vulnérables et les habitats naturels) et faire face à une croissance exponentielle de la population, il faut concevoir un tout nouveau système énergétique, de la production à l'utilisation, et envisager avec lui une restructuration radicale de nos économies.

Nous avons besoin d'une transition vers une économie plus verte et plus propre pour garantir un monde qui s’adapte au changement climatique... et nous en avons besoin maintenant.

La lutte contre le changement climatique est coûteuse et essentielle pour les pays aux revenus les plus modestes, qui sont souvent les plus durement touchés et les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre. Ils ne peuvent tout simplement pas se permettre de dépenser des milliards de dollars pour s'adapter et atténuer les effets du changement climatique alors que leur économie est déjà faible en émission de carbone.

C'est ici que le financement entre en jeu, selon le principe de la "responsabilité commune mais différenciée et des capacités respectives", en tant qu'impératif économique et moral pour les pays les plus développés de fournir une assistance adaptée aux pays en ayant le plus besoin.

Lors de la COP15, en 2009, les nations les plus développées se sont engagées à mobiliser, grâce à la collaboration des gouvernements, des banques de développement multilatérales et des entités privées, un don conjoint de 100 milliards de dollars chaque année d'ici 2020, dans le but de soutenir les pays sous-développés dans leur transition verte.

Jusqu'à présent, l'objectif annuel n'a jamais été atteint, même de loin : en 2019, les financements climatiques mobilisés ont totalisé 79,6 milliards de dollars, étant toujours à 20 milliards de dollars de moins que l'objectif.

De combien avons-nous réellement besoin ?

Sur les transferts effectués aux pays en développement en 2019, environ 20 milliards de dollars sont allés à des projets d'adaptation, soit environ un tiers des fonds destinés aux projets d'atténuation. Cependant, selon l'Adaptation Gap Report 2020 du Programme des Nations unies pour l'environnement, l'adaptation est le problème le plus urgent pour les pays en développement et ceux-ci auraient ainsi besoin de bien plus (environ 70 milliards de dollars par an) que seulement 20 % du capital total pour les mesures d'adaptation.

En outre, comparé à l'investissement nécessaire pour éviter les effets dangereux d'un réchauffement de la planète, l'engagement de 100 milliards de dollars est dérisoire. Il faudrait des milliers de milliards de dollars pour atteindre l'objectif d'une température inférieure à 1,5 °C. Selon un rapport du GIEC, ce sont 2 400 milliards de dollars (environ 2,5 % du PIB mondial) qu'il faudrait investir chaque année jusqu'en 2035 dans le seul système énergétique.

Il est donc essentiel de ramener les investissements dans le secteur de l'énergie - qui ont considérablement diminué pendant la COVID-19 - au moins au niveau d'avant la pandémie et de concentrer les financements sur tout ce qui permet une transition vers des énergies propres et une décarbonation de tous les secteurs : efficacité énergétique, énergies renouvelables, méthodes de stockage, réseaux intelligents, technologies à faible émission de carbone, nouveaux carburants. Selon le rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) Net zero by 2050, ces financements sont évalués à environ 4 000 milliards de dollars par an, soit trois fois plus que ce qui est investit aujourd'hui dans le monde.

C'est la raison pour laquelle toutes les formes de financement sont cruciales pour accélérer la transition vers l’objectif zéro, réduire la vulnérabilité et renforcer la résilience des écosystèmes aux dommages causés par le changement climatique : le financement public pour développer les infrastructures et le financement privé pour financer et accélérer la technologie et l'innovation.

C'est précisément à cet égard que la Glasgow Financial Alliance for Net Zero - une coalition internationale d'institutions financières privées, regroupant les plus grandes banques, les plus grands assureurs et les plus grands investisseurs du monde - vient de s'engager à verser 130 000 milliards de dollars pour atteindre l'objectif "net zéro". Cela nous laisse espérer que ces fonds soutiendront une transition véritablement verte.

Il est facile de se concentrer sur la quantité d'argent disponible, mais il est tout aussi important de comprendre où tout cet argent est dépensé, sur quels projets et pour quelles mesures.

La plus grande partie de la réduction des émissions de CO2 d'ici à 2030 est due aux technologies déjà existantes, mais dans les années à venir, les technologies sur lesquelles nous nous appuierons seront celles qui sont actuellement au stade de développement ou de création et qui seront ensuite testées et démontrées. C'est à cette étape que le financement devient crucial.

En outre, le "net zéro" ne pourra pas être atteint si nous continuons à financer des projets liés aux énergies fossiles. Le charbon, le pétrole et le gaz doivent être progressivement éliminés de notre bouquet énergétique et remplacés par des alternatives vertes et durables. Aucun investissement ne doit être consacré aux nouvelles centrales électriques au charbon, les entreprises doivent cesser de vendre de nouvelles voitures à moteur à combustion interne et les grands émetteurs doivent être pénalisés par des prix du carbone plus élevés. C'est à cette étape que les politiques sont décisives et nécessaires.

Il est donc essentiel que les pays s'engagent dans des efforts de régulation du climat et qu'ils le fassent à l'échelle mondiale afin que les investissements privés puissent être orientés dans la bonne direction et de manière transparente, en tenant compte de leur propre empreinte environnementale.

La lutte contre le changement climatique est un grand défi qui exige d'immenses efforts - c'est indéniable et nous le savons tous - mais si chacun fait sa part et si les secteurs public et privé unissent leurs forces pour garantir les moyens financiers, cela portera ses fruits, en apportant des avantages économiques importants dans un monde post-Covid, en créant des millions d'emplois et en offrant, entre autres, un accès universel à l'électricité et à un bien-être global.