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Le Brésil, un pays en avance dans le paysage énergétique mondial

Fortaleza, 83e escale de notre navire-laboratoire, est l'occasion d'étudier le système énergétique brésilien, et de comprendre tout son potentiel ainsi que les opportunités qu'il présente. Notre experte en énergie, Beatrice Cordiano, nous plonge dans le contexte énergétique de ce pays dit émergent, mais déjà extrêmement avancé à bien des égards.

Malgré les milliers de milles nautiques parcourus, chaque arrivée est un nouveau départ, une nouvelle expérience pour Energy Observer. Après une traversée de l'Atlantique d'environ un mois, caractérisée par des conditions météorologiques idéales, notre navire laboratoire fait une escale Brésil, pays que nous sommes impatients de découvrir pour la propreté de son mix énergétique.

Représentant 3% de la population mondiale et 2% du PIB mondial, le Brésil est la plus grande économie d'Amérique latine et des Caraïbes, et un pays qui se développe à tous les niveaux. Ses besoins énergétiques primaires ont doublé depuis 1990 et devraient augmenter davantage dans les années à venir, marquant le tournant d'une transition énergétique.

Les miracles brésiliens

Le mix énergétique brésilien est largement considéré comme l'un des plus prometteurs et diversifiés au monde. Avec environ la moitié de son énergie et plus de 80% de ses besoins en électricité satisfaits par des sources renouvelables, ce pays dépasse la moyenne mondiale de 15% et 29% respectivement, se positionnant comme un leader des renouvelables dans le paysage énergétique mondial.

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Quel futur énergétique pour le Brésil ?

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Malgré un secteur énergétique aussi propre, le Brésil a une longue - et pas toujours brillante - histoire avec le pétrole. Marqué par des explorations pétrolières difficiles donnant des résultats peu prometteurs dans ses premières phases, le pays a compté sur des importations pendant plusieurs décennies jusqu'en 2007, date à laquelle d'importantes découvertes de gisements offshore ont eu lieu. Un tournant pour le pays qui a acquis ainsi son indépendance pétrolière.

Aujourd'hui, le pétrole représente, avec le gaz et le charbon, environ la moitié de l'approvisionnement énergétique du pays. Avec plus de 90% de ses réserves de pétrole et de gaz situées au large des États de São Paulo et Rio de Janeiro, le pays est aujourd'hui le premier producteur de pétrole d'Amérique latine et occupe la 8e position mondiale, avec 15 milliards de barils de réserves prouvées et une production quotidienne d'environ 3 millions de barils ; de quoi répondre deux fois aux besoins pétroliers journaliers de la France.

L'équipe de production audiovisuelle d'Energy Observer au Brésil

Le pétrole est toujours un mal nécessaire, mais contrairement à la perception commune, il ne s'agit pas d'un choc d'approvisionnement, mais plutôt d'un changement de la demande qui nous permettra de le remplacer. Lorsque les pays fixent des échéances pour abandonner les véhicules à essence ou diesel, le pétrole devient dès lors moins intéressant, et le Brésil en est l'exemple parfait.

Tout a commencé dans les années 70, lorsque la crise pétrolière a frappé le pays et que les prix du carburant ont explosé en raison de la pénurie d'énergie. C'est alors que le gouvernement a décidé de parier sur son industrie sucrière vieille de cinq siècles et de la transformer pour en faire de l'éthanol, et plus seulement du sucre.

Energy Observer a Sao Manuel

En 1975, le Brésil a lancé un programme révolutionnaire pour promouvoir la production et l'utilisation de l'éthanol comme carburant alternatif, le Proalcool, et en 1979, la Fiat 147 - la toute première voiture fonctionnant uniquement à l'éthanol hydraté - était déjà sur le marché. Cela a marqué le début d'une nouvelle ère. Depuis lors, le nombre de véhicules flex-fuel sur les routes - c'est-à-dire des véhicules capables de fonctionner avec n'importe quel mélange d'éthanol et d'essence - a explosé, créant une demande croissante pour ce nouveau carburant, bien moins cher et plus durable tout au long de la chaîne de valeur que le pétrole.

  • La première voiture au monde fonctionnant à l'éthanol a circulé dans les rues du Brésil il y a 40ans
  • La première voiture au monde fonctionnant à l'éthanol a circulé dans les rues du Brésil il y a 40ans
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Aujourd'hui, le Brésil est le deuxième plus grand producteur d'éthanol, un biocarburant qui couvre environ 50% des besoins énergétiques du transport routier et qui a permis d'économiser plus de 630 millions de tonnes équivalent CO2 depuis 2003.

Beatrice Cordiano dans une station essence au Brésil

D'une énergie renouvelable à l'autre

Le Brésil abrite des sources naturelles exceptionnelles autres que la biomasse, et l'énergie renouvelable est loin d'y être une nouveauté. L'hydroélectricité a été l'épine dorsale du système énergétique pendant longtemps et historiquement, le pays a orienté ses investissements vers l'établissement d'un système d'infrastructure étendu, fiable et robuste pour exploiter ses abondantes ressources en eau qui sillonnent tout le territoire.

Cette source a été pendant des décennies l'énergie renouvelable la plus compétitive - au Brésil et dans le monde - non seulement d'un point de vue économique, mais aussi parce que les centrales hydroélectriques peuvent ajuster leur production d'électricité beaucoup plus rapidement que les centrales nucléaires, au charbon ou au gaz naturel. En outre, leur production fluctue beaucoup moins que celle du solaire et de l'éolien.

Aujourd'hui, l'hydroélectricité fournit presque les deux tiers de la demande nationale d'électricité, mais il y a un hic. Cette énergie dépend des schémas de pluie et les dernières périodes prolongées de sécheresse ont poussé le gouvernement à investir dans d'autres énergies renouvelables pour diversifier son mix, pariant sur l'éolien et le solaire.

Centrale éolienne au Brésil

Bien que l'irradiation solaire soit abondante partout sur le territoire, les ressources éoliennes sont principalement concentrées dans le Nord-Est, une région avec des vents constants, des vitesses et des directions stables, et des facteurs de charge allant d'une moyenne de 40% à des valeurs optimales de 60%, bien plus que la moyenne mondiale de 34%. Pas étonnant que 80% des parcs éoliens brésiliens soient situés là-bas !

Le développement de l'énergie solaire et éolienne n'est certainement pas une nouvelle tendance, elle se produisent partout dans le monde depuis de nombreuses années. Et ici aussi, alors qu'il y a à peine une décennie ces sources d'énergie avaient peu ou pas d'importance pour le pays, elles battent maintenant des records. Et le Brésil, bien qu'il soit arrivé tardivement à ces ressources, relève déjà les enjeux en cherchant à développer une production compétitive à grande échelle d'hydrogène à faible teneur en carbone.

Capacité éolienne installée au Brésil

Le parcours du Brésil vers un secteur énergétique propre a été tout simplement remarquable, et le pays devra continuer à anticiper ce qui se passe dans le reste du monde pour innover continuellement et consolider sa matrice à faible teneur en carbone. Car la décarbonisation n'est pas une option, mais bien un impératif pour le XXIe siècle.