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L’écoféminisme pour un monde plus égalitaire

Partout dans le monde, une nouvelle Journée des droits des femmes sera célébrée ce lundi 8 mars 2021. Au cœur du débat lancé par l’Organisation des Nations unies (ONU), l’appel à un futur égalitaire. L’occasion de se pencher sur le concept d’écoféminisme. Son ambition : construire un monde plus juste, dans lequel hommes, femmes et nature trouveront l’harmonie.

Le 8 mars marque chaque année l’occasion de faire le point sur la situation des femmes à travers le monde. Cette année, en choisissant pour thème « Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 », l’Organisation des Nations Unies (ONU) Femmes compte mettre à l’honneur celles qui ont déployé leurs efforts pour façonner un futur post-pandémie plus juste. Un thème qui résonne avec les principes de l’écoféminisme.

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L’écoféminisme, un mouvement politique

Historiquement, l’écoféminisme correspond à un mouvement très politique, altermondialiste et anti-capitaliste. Un mouvement qui a pris, dans les années 1980, des positions très radicales aux États-Unis, notamment. Parmi ses actions les plus remarquées du moment : la Women’s Pentagon Action qui a enchaîné quelque 2 000 femmes hurlantes aux grilles du Pentagone en 1980 ou encore un camp contre l’installation de missiles nucléaires à Greenham Common, en Angleterre, entre 1981 et 2000 !

Mais la philosophe Jeanne Burgart Goutal rappelle que le terme radical s’emploie aussi pour celles et ceux qui envisagent les problèmes à leurs racines. Selon elle, les écoféministes se posent ainsi des questions de système. Elles ne dénoncent pas les hommes, mais le système du patriarcat. Elles militent pour un monde plus juste, plus égalitaire et plus inclusif.

“Nous ne pouvons pas vivre dans un monde durable si toutes les personnes ne sont pas traitées de manière égale. ”

Greta Thunberg, activiste pour le climat.

Les écoféministes visent donc non seulement l’émancipation des femmes, mais surtout, celle de l’humanité tout entière avec pour objectif d’atteindre une forme d’harmonie au sein de la biosphère. C’est précisément ce qui se cache derrière l’idée majeure du reclaim, de la réappropriation. Celle de renouer enfin avec la nature vivante d’une part et de renouer avec la noblesse d’activités — comme le soin aux enfants, l’alimentation ou la sensibilité — qualifiées depuis trop longtemps de féminines.

L’écoféminisme, une idée née en France

Rappelons tout de même que le concept d’écoféminisme semble être né il y a plus de 40 ans, de la plume d’une militante française du Parti communiste, Françoise d’Eaubonne. Dans un contexte nouveau de prise de conscience écologiste, elle établissait alors un lien direct entre exploitation de la planète et oppression des femmes.

La crise climatique que nous vivons n’est-elle pas le résultat d’un système économique basé sur l’exploitation constante ? Un système imaginé et entretenu par des hommes. Et qui met les femmes tout particulièrement en danger aujourd’hui. Selon les Nations unies, elles pourraient être jusqu’à 14 fois plus concernées par certains dangers liés au réchauffement climatique. Déjà, 80 % des réfugiés climatique sont des femmes.

L’écoféminisme dans le monde

“L’écoféminisme, c’est l’idée d’une interconnexion étroite entre écologie et féminisme. Il ne s’agit pas d’une simple juxtaposition, mais d’un seul et même combat qui prend deux formes différentes.”

Jeanne Burgart Goutal, philosophe.

Un peu partout dans le monde, depuis plusieurs décennies, des mouvements se réclament de l’écoféminisme. Le mouvement Women for life on earth aux États-Unis et au Royaume-Uni, le mouvement Greenbelt for life au Kenya, le mouvement Chipko en Inde, porté par les écrits de Vandana Shiva ou encore celui de femmes qui patrouillent contre la déforestation en Tanzanie. Et des études scientifiques commencent à montrer que l’intégration de femmes dans les instances décisionnaires a un impact positif sur l’environnement.

En France, les études sociologiques le montrent : ce sont plus volontiers les femmes qui mettent en œuvre des solutions individuelles pour limiter l’empreinte écologique des ménages. Et c’est l’un des risques que les spécialistes de l’écoféminisme mettent en avant. Après avoir été placées dans un rôle de fées du logis, il ne faudrait pas que les femmes soient désormais en quelque sorte considérées comme les fées de la planète. L’écoféminisme correspond bien à un engagement politique qui appelle à des prises de décisions fortes en faveur de la protection de l’environnement.

Pour l’humanité, il ne s’agit pas désormais de compter sur les femmes pour sauver la planète. Plutôt de compter avec les femmes pour inventer la société de demain.