Au cœur de l’aquarium de Valence, le plus grand d’Europe, les chercheurs de la Fundación Oceanogràfic ont découvert que les tortues marines remontées dans les filets des pêcheurs étaient victimes d’accidents de décompression (ADD). Un caisson hyperbare a été développé spécialement pour elles.
En avril 2016, la Fundación Oceanogràfic a installé une clinique et un centre de recherche au cœur du parc océanographique de Valence. La société Avanqua, qui gère entre autres l’aquarium de Valence – le plus grand d’Europe avec plus d’1 400 000 visiteurs chaque année, finance la fondation à hauteur d’un budget annuel de 700 000 €.
« Nos travaux de recherche concernent la santé et le bien-être animal, la conservation, l’étude de la biodiversité et l’identification des changements environnementaux, souligne Consuelo Rubio-Guerri, biologiste à la Fondation. Ce sont nos principaux axes de travail, mais tous nos projets sont motivés par le bien-être animal. Nous sommes quatre chercheurs renforcés par des étudiants dans le département. »

Les biologistes y effectuent des travaux de recherche sur les mammifères marins. Les chercheurs mettent en place des programmes de suivis migratoires par satellite des poissons lunes et tortues marines. Ils étudient aussi l’impact des bruits anthropogéniques sur les cétacés où travaillent sur la reproduction des anguilles. Mais depuis la création du centre, les tortues marines sont au cœur du quotidien de la fondation.
Réchauffement climatique
La mer Méditerranée est une véritable nurserie pour les jeunes tortues qui viennent s’y réfugier en nombre. Environ 45 % des jeunes caouannes de la Méditerranée viennent de l’océan Atlantique. Elle accueille également des adultes au printemps et en été.
Les caouannes se nourrissent dans la mer d’Alboran, entre l’Espagne et les côtes du Maghreb, et la mer Adriatique. Le principal lieu de ponte reste la Grèce, avec plus de 3 000 nids recensés par an. Mais avec le réchauffement climatique de nouveaux lieux de ponte se développent en Méditerranée occidentale, notamment en Espagne. Les tortues caouannes, dont la population est estimée à près de 20 000 sur les 500 km que compte le district de Valence, sont souvent victimes des pêcheurs. Une étude récente a démontré que les tortues prises dans les filets sont victimes d’accidents de décompression lorsqu’elles sont remontées à bord des bateaux. « Nous avons réalisé un gros travail de sensibilisation auprès des pêcheurs, explique Consuelo Rubio-Guerri. Jusqu’il y a peu, ils rejetaient directement à la mer les tortues prises dans leurs filets sans mesurer, faute de le savoir, qu’ils les condamnaient à mort. »
Un caisson hyperbare pour les tortues
La Fondation océanographique a mis en place un numéro spécial et vient récupérer les tortues pêchées accidentellement dès le retour au port des bateaux. Une fois ramenées au centre et diagnostiquées, les tortues sont redescendues artificiellement en profondeur grâce à un caisson hyperbare spécialement développé pour elles.

« On y injecte de l’oxygène comprimé. Les tortues y restent environ deux heures et demie. Nous arrivons à sauver la plupart d’entre elles. »
Depuis deux ans, la fondation a sauvé une centaine de tortues chaque année, avec un pic de fréquentation en février et mars où le centre peut accueillir jusqu’à une quarantaine de tortues.
Mais les problèmes des tortues, dus aux interactions avec les hommes, ne s’arrêtent pas là. Lors des autopsies, les chercheurs ont constaté qu’elles ingéraient un volume de plus en plus important de plastique. Autre souci, en été, durant la période de ponte, la fréquentation des plages met de plus en plus souvent en danger les œufs déposés durant la nuit. « Sur mille œufs, en moyenne deux tortues atteindront l’âge adulte… »