Le catamaran expérimental vient de boucler 16 mois de navigation intense. Roland Reynaud, ingénieur du bord et Didier Bouix, ingénieur du Commissariat à l’énergie atomique (CEA-Liten) ont réalisé un check up de l’ensemble de la filière hydrogène embarquée sur Energy Observer. Et tout va bien !
Energy Observer n’a pas chaumé ces derniers mois. Depuis juin 2017, le navire laboratoire a réalisé un tour de France et un tour de Méditerranée grâce aux énergies renouvelables. 16 mois de navigation et 10 326 milles nautiques où sa pile à combustible a souvent pris le relai du photovoltaïque. En ce début d’arrêt technique qui va durer quatre mois, un bilan de la pile à combustible, de l’électrolyseur et des compresseurs s’imposait donc pour Roland Reynaud, ingénieur du bord, et Didier Bouix, ingénieur du Commissariat à l’énergie atomique (CEA-Liten).
Une technologie H2 fiable
« Nous voulions savoir si l’électrolyseur et les compresseurs avait vieilli normalement, explique Roland Reynaud. Notre test a consisté à mesurer la durée de remplissage d’un réservoir à hydrogène en passant de 0 à 350 bars. Lors de la mise en service, pour ce même test, nous avions mis exactement 20 heures. »
Résultat du test : 20 h 15 minutes. 15 minutes de différences dues à des réglages légèrement différents. L’électrolyseur qui affiche un vieillissement normal.
Autre motif de contentement, la courbe de polarisation, qui mesure les caractéristiques électro-chimiques de l’électrolyseur, est elle aussi identique à la période de mise en service.
« Nous sommes super contents, poursuit l’ingénieur. En termes de vieillissement, l’électrolyseur n’a absolument pas bougé. Les 15 minutes de différences viennent aussi des filtres utilisés pour « sécher » l’humidité dans l’hydrogène. Ces filtres sont du consommables avec une durée de vie limitée et vont être changés. En ce qui concerne la pile à combustible nous avons constaté un vieillissement normal, nous avons repris les réglages pour optimiser le rendement, mais pas de grosses variations. »

Quelques améliorations et modifications
Les petits déboires rencontrés cet été avec des membranes de compresseurs parfois capricieuses sont en passe d’être résolus. « Les compresseurs à hydrogène nous ont parfois posé des problèmes durant cette campagne, confirme Roland Reynaud. À une période, nous avons connus des ruptures de membranes intempestives. Depuis nous avons trouvé un nouveau process de démarrage qui fonctionne. Mais surtout les caractéristiques des compresseurs n’ont pas bougé. »
L’ingénieur est confiant mais reste prudent sur cette technologie en plein développement qui va subir quelques améliorations durant cet arrêt technique.
« Avec les modifications à venir, nous allons gagner 5 à 8 % de rendement sur la pile. »
Une pile à combustible qui fournie de l’énergie de deux façons. 50 % en électricité, l’autre moitié est de l’énergie thermique qui pour le système embarqué sur Energy Observer représente jusqu’à 20 kW.
« Pour le moment nous n’en utilisons que le quart, précise le technicien. Nous allons mettre en place un système de stockage thermique (ndlr : un réservoir de 500 litres d’eau) qui va nous permettre de réchauffer la nacelle même lorsque la pile est à l’arrêt. »
Une nouvelle évolution technologique qui réjouit l’équipage qui la saison prochaine naviguera en Europe du Nord…